Une page se tourne...

Publié le par Tite zoreille

Nous voilà sur le départ, après deux années passées sur "l'île intense".
Entre la valse des déménageurs, le départ du container et la mise en valise des affaires restantes, les derniers mois ont filé très vite. À peine le temps de sentir l'hiver austral s'installer et de se dire que la couette ne tiendra jamais dans les bagages. Logement ré-attribué, poste et bureau réaffectés pour mon marin, abonnements résiliés, pots de départ, repas d'"au revoir", tout sent la fin de séjour outremer. Au bout de ce marathon des adieux, à la fois triste et touchant, un vol de 11 h va nous catapulter à 10 000 km de ce qui était, pendant deux ans, notre maison.
Étrange sensation que celle de se sentir éjectés ainsi. Décalage horaire, climatique, saisonnier, alimentaire, culturel... Il va nous falloir nous ré-habituer, dans l'autre sens cette fois.

Deux valises par personne, soit 2 x 43 kg + 10 kg en cabine, multiplié par trois, ça fait... ?

Deux valises par personne, soit 2 x 43 kg + 10 kg en cabine, multiplié par trois, ça fait... ?

"Heureux qui comme Ulysse...", dit le poème. Ce fut un beau voyage, certes. Mais, comme Ulysse, nous avons changé. La ville qui nous accueille a elle-aussi changé. Les amis, la famille, ne sont plus les mêmes. C'est la loi du monde : rien de constant, hormis le changement. Changement d'autant plus brutal lorsqu'on est l'absent, celui qui part, qui manque un temps, et puis l'on s'habitue. Dès lors, comment savoir ce que l'on retrouvera au retour ? Peut-on même parler de retour, quand tout, et tout le monde, a changé ?
Nous sommes arrivés avec un bébé en couche. Nous repartons avec une petite bavarde qui réclame "du riz et du grain" à chaque repas. Ses photos de classe déclinent un nuancier de couleurs de peaux unique. Ce métissage, à nul autre pareil, a été notre bain quotidien pendant deux ans. C'est une chance.
Je sais d'ores et déjà que certaines choses ne me manqueront pas : les moustiques, les bouchons de St-Denis et le voisinage (n'habitez jamais en caserne !). Mais je regretterai d'autres aspects de la vie réunionnaise : la lumière, celle du soleil et des regards. La chaleur des sourires. L'humour créole, et les taquineries que je ne comprenais pas toujours mais dont le rire était contagieux. L'amitié, pudique, de ceux et celles qui ont osé s'attacher à nous, alors que nous ne faisions que passer. Qu'ils/elles en soient remercié(e)s ! Et puis les mangues aussi, les bananes mignonnes et les avocats généreux (comment vivre sans ?). Nous rentrons riches. Riches des gens, des cirques et du volcan, du lagon et de l'Océan Indien, du maloya et des flamboyants, et de quelques mots créoles.
"On ne peut pas se baigner deux fois dans le même fleuve", dit le philosophe. Je vais bientôt revêtir une épaisse combinaison (voire deux...) pour me baigner dans la mer d'Iroise, qui affiche une bonne quinzaine de degrés de moins que l'Océan Indien. La mer sera différente. Je le suis également. Nous allons pouvoir nous ré-apprivoiser.

Au revoir, Saint-Denis de La Réunion...

Au revoir, Saint-Denis de La Réunion...

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S
J’aime beaucoup votre blog. Un plaisir de venir flâner sur vos pages. Une belle découverte et un blog très intéressant. Je reviendrai m’y poser. N’hésitez pas à visiter mon univers (lien sur pseudo) A bientôt.
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D
Je me suis régalée de vos billets si bien tournés et documentés ! Bravo ! Je m'y suis un peu retrouvée car j'ai passé 2 ans à Mayotte mais c'était avant internet...
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