Panique à la pompe

Publié le par Tite zoreille

Sur une île isolée, à 10 000 km de la métropole si bien desservie en denrées et en produits manufacturés, tout prend vite des allures d'état de siège. Dernier exemple en date : la grève de la SRPP (Société Réunionnaise des Produits Pétroliers). Les festivités ont commencé jeudi dernier. J1 : à l'annonce du mouvement social, tout le monde se rue sur les pompes. Résultat : bouchons et pénurie. J+2 : l'île est alimentée a minima. 30 % des stations sont ravitaillées, certaines étant réquisitionnées, flics en faction façon "t'as des baskets tu rentres pas", pour les "usagers prioritaires" (Police, Samu, Préfecture, taxis, etc.). Pour trouver les stations ouvertes (les autres ont baissé le rideau), s'engage un jeu du chat et de la souris qui génère des bouchons à profusion. Les pompistes affichent vite la rupture des stocks. J + 3 et 4 : Week-end mort. Peu de voitures sur les routes. On économise le carburant. J + 5 : Même rituel. Un tiers des stations desservies. On ne sait ni à quelle heure, ni lesquelles. Pour forcer la roulette russe du Sans Plomb, certains auditeurs de radio Freedom pistent les camions citernes depuis la sortie du dépôt ! C'est Mad Max 2, la guerre de l'essence ! J + 6 : on monte encore d'un cran dans le délire. Des automobilistes rôdent, hagards, autour des stations à sec. D'autres choisissent d'attendre toute la journée dans leur voiture, stationnée près des pompes. Certains ne vont plus travailler. Les enfants restent à la maison. Ceux qui hantent les routes s'agacent. Tout le monde s'énerve. On s'entretuerait presque pour un Jerrican. Il vous prend de violentes envies de siffler le réservoir du voisin. J + 7 : même régime. Les rares stations ravitaillées cet après-midi sont prises d'assaut. Les automobilistes qui ne demandent rien sont coincés dans des bouchons monumentaux, enfermés dans leur voiture-prison chauffée à blanc. La mienne n'a pas la clim. Ça tombe bien : aujourd'hui, il fait plus de 40 degrés. Certaines stations sont tellement inaccessibles que le camion citerne ne peut s'en approcher ! Un avant-goût de l'épuisement prochain des énergies fossiles. Qu'est-ce qu'on rigole...

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